Ceux qui venaient du sud et qui fuyaient la guerre
Ployant sous leur fardeau en passant la frontière
Sous un ciel menaçant allaient vers leur destin
Et leur coeur était lourd et bien long le chemin
On les a vus passer les monts et les rivières
Traverser épuisés un grand désert de pierres
Puis au bout de l’hiver ce fut la longue halte
Dans les baraquements à Bram ou Rivesaltes
Ignacio il faut chanter
Rir’ boir’ et danser
Un pas de fandango
Un air de sévillane
C’est le noir effacé
Passé au blanc d’Espagne
Parfois entre deux maux il faut choisir le moindre
La nuit et le chaos ou le jour qui va poindre
On s’appelle Sanchez et se retrouv’ en panne
Le cul entre deux chais’ entre Franc’ et Espagne
L’histoire est peu bavarde et ment par omission
Se gardant de décrir’ l’horreur les privations
Les régimes spéciaux à l’hiver de l’effroi
La polic’ de Vichy le gris la faim le froid
Ignacio il faut chanter…
Pour les gens d’ici l’Espagn’ est un peu folklo
Castagnettes et réclam’ sur air de flamenco
Quand leur accordéon résonn’ sur le boul’vard
Toi tu as le bourdon et tu prends ta guitare
Tu revis à l’envers cette tranche de vie
D’Argelès aux Albères de Valence à Séville
Toi le vieil Espingouin qui erre dans la ville
Tu n’as jamais quitté le chemin de l’exil
Ignacio tu peux chanter
Encor’ pour oublier
Un pas de fandango
Un air de sévillane
Effacent le passé
Font danser ton Espagne